Fantaisies
Les Mots d'où
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Ne savoir s'exprimer quand, par l'écriture,
Moi, timide attendri, je crée une émulsion...
Sur mon PC, je vois naître mes impulsions
Émises du clavier, sans aucune torture...
Et le verbe se glisse entre deux élisions,
L'adjectif revêche moule une tessiture
Pour qu'un vocable hardi, douce "littérature",
Recherche un synonyme imprégné d'émotion...
Le jambage, la rime, intrigantes captures,
Renchérissent parfois mes mots en ligature ;
Les effets d'un sonnet, les belles allusions,
C'est tout mon attribut, ma seule conjoncture,
Une conjugaison où le sujet, l'action,
Participe au présent de l'imagination.
JP F. Sitting Bull (2002)
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Dedans mon sac à "do"...
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Dedans mon sac à "do", j'ai retrouvé le la ;
J'ai pris la clé des chants, les notes d'ouverture,
Jouant de "si' de "la", j'ai battu la mesure,
Pas cadencés au "sol", j'ai chanté : la la la !
En vaillant musicien loin d'être haut de gamme
Par ma voie incertaine étais-je en bonne voix ?
"Ut" -il fallut un "mi", un allégro ma foi,
Sur "ré"...itération de tons qu'on amalgame ?...
Vouloir être d' "accords" même en demi-soupirs,
Que naisse un très bel air issu de la portée ;
Combler les jolis "chœurs", aubade colportée :
"A cap et là" bien-sûr ou en "bœuf... à saisir" !
Trop "fa"(t) à trop pousser la touche instrumentale,
Dièse donc possible entre les si bémols
D'y aller crescendo, mélodie en sous-"sol" ;
En lento, redonner douceur sentimentale...
Dedans mon sac à "do", j'ai retrouvé le la,
Tel Bach... à lauréat, sa fugue à ma poursuite ;
Ma musique et mes mots - vous connaissez la suite -
En adoucir les mœurs et chanter : la la la !
JP F. Sitting Bull (2 septembre 2019)
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Les mots raccourcis
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Ô triste adolescent devenu un ado
Laissant traîner deux pieds mais présent au dico,
Mini dans l’édito, perdu dans les hebdos,
Ta langue s’appauvrit. Alors ?... Vas-y mollo !
Si le scribe a séché ses larmes de croco,
L’obsolète sténo n’est plus pour son stylo…
Depuis Villon, Verlaine, ainsi triste démo,
Le vocable d’antan si cher à l’intello,
Élimé, galvaudé, comme article en promo,
A comme un sens perdu, moins d’âme subito :
Une fadeur, un manque, exprimée en mémo…
Le parler devient mou, c’est là mon cogito ;
Je le vois anémié, aurait-il la polio ?
Ô Muse qui pleurez la pauvreté texto,
Il me reste à vouloir embellir mes folios ;
Vous m’inspirez encore, et ma plume réglo
Va vous encrer mes dits à la mode rétro,
Tel un pro touchant bois et non plus de l’agglo !
Passéiste ou bien "in", moi, cuistot d’un resto,
Du substantif entier, oui, en rester accro :
Je vais donc effacer ce poème presto…
JP F. Sitting Bull (Février 2010)
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Ton écriture
J’aime ton écriture,
De ta main, sa structure
Qui comme une emboîture,
Elans de ta nature,
Sentiments en sutures,
Quand je lis tes ratures,
Tes fautes, ta mouture ;
Rien ne te dénature :
Tes mots, belle stature,
Charment sans fioriture !
Touches d’encre peinture,
Ton ballet signature
Sur ta page posture ;
C’est un peu l’aventure
Comme la conjoncture
D’exprimer tes fractures,
Ta parole en mixture…
Partage, nourriture,
Respire ta capture :
Phrasé d’investiture !
Majuscule ouverture,
Qui plait à ma lecture,
Ta lettre est l’ossature
De ton âme mature,
Ton pli, la conjecture,
La forme, la texture
Ô qui te portraiture ;
Jambages, ligatures,
Et sans déconfiture,
Va ta littérature !
Calligraphie, épures,
Missive d’ondes pures,
Je relis, je dépure
Ton pli sans que j’apure
Tes jets, tes découpures ;
Ta plume bon augure,
Ton graphisme inaugure,
Beau style de figure :
Un jeu sans effaçures
Que ton doigté assure !
JP F. Sitting Bull (16 juillet 2021)
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MOURIR ?…
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Mourir défunt : arrêt de vivres.
Mourir d'enfin mourir de fin,
Mourir sur scène en belle faim,
Mourir d'avoir eu bon de vivre...
Mourir de soif mais l'étancher,
Mourir d'un peu d'épicurisme,
Mourir de rire en aphorismes,
Mourir en vieux et s'épancher…
Mourir d'envie en vie extrême,
Mourir heureux à petits pas,
Mourir boudant l'heur du trépas,
Tuant l’ennui, ce leurre blême !...
Mourir, au terme, où bien vécu,
Mourir d’un fier parcours de vie,
Mourir, en corps, l’âme ravie,
Mourir que joie ait survécu...
Mourir, mes souvenirs défilent
Avec mon legs au mieux transmis,
Devenant du constant admis,
Cadeau des dieux que je refile…
Mourir pourquoi rêver ma mort ?
Mourir s'il faut qu'une faux tranche,
Juste chuter hors de ma branche,
Mourir au partir sans remords.
JP F. Sitting Bull ( août 2023).
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Mari cocu
D’un cocu de Brassens en perte d’allégresse,
Chu du septième ciel, ébahi, en détresse,
Quoi ?... des rires sous cape, ironie ou humour :
Mais qui donc compatit pour sa peine d’amour ?
Quand le philtre d’Yseult tourne au bouillon d’onze heures,
L’ entrain du chef de gare, il ne part plus à l’heure,
Encorné est son front et coupé son sifflet,
Sa passion hors des rails, son bonheur camouflet,
Salle des pas perdus, plus de muse érotique,
Et Cupidon s’en fout du trompé pathétique :
Képi d’infortuné dont vous vous esclaffez,
Il n’a plus grain corsé, ne boit plus le café…
Dernier doute à l’arrêt, lui dernier à l’apprendre,
Que sa dame de cœur, ils sont deux à la prendre…
Que va-t-il devenir ? Va-t-il jeter le gant ?
Ou tel un boulanger, jouer les élégants ?
Oh ! que la chair est faible hors du marivaudage ;
Qu’infidèle passion, mari marri, vaut d’âge,
D’être moins philosophe en ce troublant délit :
Partageur, malgré lui, des conforts de son lit…
JP F. Sitting Bull (2014)
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La Toile
Là régner en pc, sur moi proie en ses fils,
Qui m’étreint aux confins d’un abyssin flou voile,
Me voilà pris au piège au lancer de sa toile :
La binaire octopode aspirant mon profil…
Et ainsi égaré dans « l’accès cible » étoile,
Je surfe, tout happé, quoique dans le droit-fil,
En otage où ce rapt d’un cousu fil-à-fil,
L’araignée INTERNET me déguste la moelle…
Don Quichotte pourtant sur mon petit écran,
Me croire le vainqueur ayant dompter la vague :
Irréelle victoire où mon esprit divague !
Un mode informatique emprisonne en ses crans,
Irréversiblement, tel est son jeu de drague,
Moi, ce quidam errant ; je me perds... je zigzague !
JP F. Sitting Bull (septembre 2023)
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Seconde d’éternité
A la minute échue, une autre la seconde,
Brève fraction de temps où filent les secondes,
Quand ma joie aujourd’hui de bien-sûr maintenant,
C’est un don du présent, présent me maintenant…
Heur d’été d’avant leurre, où tictac à ma montre,
La trotteuse au tournant, pour indice me montre,
Que durée éphémère est fuyante à l’instant,
Présent déjà absent, va, s’échappe l’instant…
Mon traintrain sur les rails, mon chemin de bonne heure,
Prend son quart vers un autre et vient la demi-heure ;
Ai-je donc tout mon temps, mes déclics au chrono,
Pendule, sablier que leurs bips synchro, n’ont ?
Portion d’éternité réelle, présentielle,
Se divise mes jours dans l’aube existentielle,
Je marche dans le vent poussé vers un demain,
Le Ciel donne à l’espoir un joli coup de mains...
Depuis mes premiers pas jusqu’à la dernière heure,
Oublier mes retards, mes projets pile à l’heure,
Et fini de courir après le temps perdu,
Être heureux de mon sort sans jouer au perdu…
D’un fameux tour à Prague en tour astronomique,
De mon horloge interne assez métronomique,
Que mon radio-réveil me sorte hors de mes draps,
Debout tôt à l’arrêt… et le bus me prendra !
JP F. Sitting Bull (12 mars 2024)
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